Maman, raconte-moi quand j’étais dans ton ventre… Rémi a été dans mon ventre pendant près d’une soixantaine de semaines… En fait, vous savez compter, ce n’est pas concrètement ou physiquement mais disons qu’il a été dans mon coeur pendant près de 12 mois. Une grossesse longue compilant deux fausses couches et l’impression qu’il n’arriverait juste jamais dans ma vie pour vrai de vrai… Rémi était en fait devenu un mirage, un espoir, un souhait lancé dans les airs qui fait que l’on croise les doigts…
Je ne pouvais pas juste lui raconter ma grossesse comme si de rien était, pourtant il était tout petit… Je ne voulais pas non plus lui wikipédier ce que voulait dire le mot fausse-couche à 4 ans et demi. Je n’avais pas non plus envie d’aller dans les trucs d’anges puisque pour moi ce n’était pas représentatif de ce que j’avais vécu pendant cette année-là…
J’ai donc commencé à lui raconter l’histoire du petit koala… Tu sais Rémi, quand un koala s’agrippe à une branche solide, il ne peut pas tomber… Eh bien avant toi il y a deux petits koalas qui ont essayé de s’accrocher dans ma bédaine, mais ils n’étaient pas encore assez forts, pas encore assez solides pour traverser toutes les longues journées qui l’attendaient. Puis, pendant l’hiver le plus fort des koalas est venu s’accrocher dans ma bédaine, tu sais comme on quand on se serre fort dans nos bras tellement fort parce qu’on s’aime trop ? Attend on va essayer, accroche-toi après moi, ferme les yeux, imagine gros comme tu m’aimes et fais-moi un aussi gros câlin pour me montrer à quel point tu t’accrochais fort dans mon ventre pour que je sois ta maman…
Puis, il m’a dit : »Mais maman, je ne peux pas te serrer aussi fort, je vais te briser… » Il m’a quand même fait le plus gros câlin qu’il pouvait…
Les enfants aiment les histoires et j’avais envie qu’il comprenne ce lien qu’il avait dans mon coeur. Celui que nous avons créé ensemble et qui fait que j’apprécie autant sa présence dans ma vie. Je me souviens que les premières semaines, j’avais l’impression que c’était irréel qu’il soit dans son petit lit dans sa chambre enfin… J’ai décidé d’imager son arrivée dans ma vie en sachant qu’il comprend très bien qu’il n’était pas un petit koala pour vrai, mais encore là, est-ce vraiment nécessaire de donner la vraie image de la vraie affaire ? Je ne crois pas…
L’important, c’est qu’en ce moment nous avons pris la décision de dire aux enfants qu’un autre petit koala s’était installé dans mon ventre depuis quelques semaines… J’ai choisi de le dire parce qu’ils sont grands et qu’ils s’inquiétaient de voir maman aussi fatiguée à de drôles de moments de la journée. Quand on vit une ou plusieurs fausses-couches, on marche sur des oeufs lors de l’annonce, on a peur de devoir rectifier le tir parce qu’on sait que la vie peut choisir un chemin différent mais nous avons décidé de dire aux enfants que si ce n’était pas encore le koala le plus fort, ce n’était pas grave… Que pour le moment bébé allait bien mais que si quoi que ce soit allait moins bien, qu’il se mettait à venter plus fort, eh bien, ce ne serait qu’une question de temps avant que le plus fort ne vienne s’accrocher à maman…
C’est à ce moment-là que notre plus grand m’a regardé dans les yeux en disant : »Moi, si j’étais lui je m’accrocherais fort parce que tu es tellement une bonne maman… ». Sans le vouloir il a débarré une porte dans ma tête et m’a libérée d’un mini poids qu’on traine après ce genre d’événement, celui qui nous fait parfois sentir cheap ou pas à la hauteur. Depuis, je me rappelle que quoi qu’il arrive, ce ne sera pas de ma faute et que c’est la vie qui décidera de la suite. Mais j’espère sincèrement que cette fois-ci est la bonne et que j’ai derrière mon nombril le plus plus plus fort des koalas au monde…
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