C’était la même chose lorsqu’elle voulait me suivre partout tout le temps. Elle était trop bébé-lala, moi je voulais de la liberté. Elle stoulait toute, moi je voulais un jardin secret, je voulais pouvoir parler avec mes amies tranquille. Je voulais pouvoir dire que j’avais le kick sur Benoit sans qu’elle répète tout à maman et aux matantes dans les partys… Puis le soir, une fois tout le monde rentré à la maison, j’étais scotchée avec elle, à rire, à me disputer, à jouer aux cartes, à écouter un film dans le même sleeping, à faire une cabane pour dormir, à jouer avec nos poupées-muffins…
Je ne sais plus combien de fois maman m’a dit de prendre soin d’elle, que c’était mon petit trésor… Elle avait si raison. Plus tard, notre écart d’âge ne paraissait presque plus. J’allais m’asseoir avec elle pour aplatir nos cheveux, pour dessiner, pour jaser de nos peines d’amour… D’autres temps, d’autres préoccupations parce que maintenant nous pouvions nous raconter notre dernière peine d’amour en nous consolant, fini le temps où j’avais peur qu’elle aille tout mémérer parce que nous étions plus complices que jamais.
Mon grand, être le plus vieux dans une famille, ce n’est pas toujours facile, mais avouons-le être un humain en général n’est pas toujours facile non plus. Chaque rang dans une famille comporte ses avantages et ses inconvénients. Ce n’est pas toujours le fun et ce n’est pas toujours plate, ça dépend des jours, des moments, des situations… Parfois tu auras des privilèges que ton petit frère n’aura pas parce que ça fait partie de la vie. Tu seras majeur le premier, tu auras ton permis de conduire le premier mais parfois tu dois rester dans notre petit quadrilatère pour faire du vélo parce que ton petit frère est trop petit et qu’il a tellement envie de te suivre, tu es son héros et ça aussi c’est tellement un privilège…
Un jour la vie m’a enlevé ma petite sœur précieuse, comme une méchante, comme si de rien n’était… Je vous regarde les enfants et j’ai envie de vous dire à quel point vous êtes chanceux de vivre votre enfance bras-dessus-bras-dessous, je chéris avec vous vos rires ensemble, vos façons de vous réconcilier, votre façon de venir nous voir pour nous demander un privilège avec votre petit regard complice, votre façon de vous faire un câlin avant de vous séparer pour l’école et la garderie.. Je comprends mieux ma mère maintenant que j’ai le privilège d’être votre maman lorsqu’elle me disait de prendre soin de ma sœur comme d’un petit trésor, un petit frère ou une petite sœur, c’est si précieux. Elle n’était pas médium ma mère, elle était juste pleine de bon sens, c’est tellement plein de bon sens une maman au fond…
Puis, c’est quand tu m’énumères ce que tu aimes tant d’avoir un petit frère versus les deux ou trois pécadilles sans importance au fond qui font que parfois c’est moins le fun que je sais que tu reconnais la chance que tu as. Croyez-moi mes enfants, vous avez tellement, tellement de la chance de vous avoir et de pouvoir vous serrer fort dans vos bras avant le dodo… Je ne peux pas vous l’expliquer de long en large, vous êtes trop petits encore mais si vous saviez à quel point ça me manque et que j’aimerais pouvoir avoir encore cette chance avec elle, si vous saviez…
Vous êtes chanceux de vous avoir et moi, je suis chanceuse d’être votre maman…
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