Je trouve que c’est difficile de rester soi-même de nos jours, d’être fière de soi. J’ai l’impression que lorsque l’on
scande haut et fort que nous sommes fières de nous, c’est comme si les autres le recevaient comme un : Je suis meilleure que toi nananinanèreuhhhh !
J’ai appris à être fière de moi en vieillissant, j’étais une pro de la diminution de moi-même dans ma chambre le soir. J’entendais tellement de messages contradictoires de femmes fortes qui nous disent d’apprendre à connaître notre valeur, d’être fière de soi, de foncer. Puis, quand j’arrivais, que j’étais sure de moi, fière, j’avais l’impression que les moins fières tentaient de créer un mur de béton et mettaient de la vaseline sur le plancher pour que je fonce le plus vite possible dedans.
Pour moi, il y a tellement une différence entre se vanter et être fière, j’ai appris à me lancer des fleurs, à souligner mes exploits, à parler de mes projets, de mes enfants, de mon chum, de ma maison… Parce qu’être fière de quelque chose, pour moi, ça n’a pas de prix. Les gens aiment tellement souligner le pas bon, certaines personnes sont tellement hot pour nous dénigrer, elles ont des jardins de bitcheries qu’elles cultivent religieusement et des journées complètes de spare pour dénigrer. Elles bitchent les autres sur les réseaux sociaux, au travail, dans la rue, elles ne sont pas capables d’être juste contentes pour l’autre parce que ça diminue tellement leur existence. Pour ces personnes-là, la fierté c’est de la vantardise.
J’ai aussi appris à être contente pour les autres, à me dire qu’elles méritent leur bonheur. J’exprime ouvertement ma jalousie parce que oui, c’est normal d’être jalouse, parfois on aimerait pour un moment être dans les baskets d’une autre. C’EST TELLEMENT NORMAL LÀ ! Je l’appelle ma jalousie-positive. Parce qu’on aimerait avoir eu l’idée, l’opportunité, être choisie… Je vais écrire un «Bravo, je suis fière de toi pis tellement jalouse ! C’est très très hot !».
Ma vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, j’ai traversé des marées, des montagnes, des canyons et parfois tout ça en même temps. Pour vrai… Pour vrai de vrai. Je me lasse tellement vite du négativisme parce que je me considère juste toujours chanceuse d’être en vie, j’ose à peine écrire »avec ceux que j’aime » parce que beaucoup d’entre-eux sont partis dans de façon épouvantable. J’essaie de me relever, de grandir, d’être une meilleure personne. J’aime courir après les gens positifs, les situations positives, les émotions positives… Ça me contamine, ça me fait du bien.
Dans un monde qui va mal, lorsqu’on est fière, c’est correct de le dire, c’est un travail de tous les jours de pouvoir se lancer des fleurs et d’accepter que les autres nous en offre. Des fleurs, ça se met sur la table de la cuisine dans un beau vase, ça se place sur le perron dans une belle boite de bois, ça égaye une ruelle triste, ça se met rarement dans le garde-robe. Oui, on se vante d’avoir des fleurs parce qu’on est fière que quelqu’un les ait envoyées, que quelqu’un ait pensé à nous. Finalement, si la fierté est rendue de la vantardise eh bien, je me vante d’être fière et j’assume. J’apprends à penser à moi, à me dire que je mérite le bon, le beau, le doux pendant qu’il passe et peu importe ce que les autres en pensent parce que je préfère de loin fleurir que de mettre l’accent sur le fait qu’on fane toutes un jour ou l’autre…