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À fleur de peau
Changer de décennie, la trentaine…
Dans quelques jours, je changerai de dizaine. Pour la première fois de ma vie, ma poitrine squeeze quand j’y pense. Je ne sais pas comment l’expliquer, la trentaine me fait peur, le chiffre me donne la frousse.
Bien sûr, si vous êtes dans la quarantaine ou plus, actuellement, vous riez de moi j’en suis certaine. Peut-être me traitez-vous de petite jeunesse, peut-être que vous enviez ce chiffre rempli de courbes à travers son trois et son zéro qui semble si flexible et si tendre à la fois. Pour moi, c’est un peu le précipice.
Elle semblait si loin lorsque mes enfants sont arrivés dans ma vie, je sortais à peine de la dizaine. J’entrais dans la vie des vrais adultes, l’âge où je n’avais plus besoin comme avant de demander la permission pour sortir ou me faire tatouer ou juste d’acheter une bouteille de vin. J’avais mon chez-moi, je recevais un compte d’hydro, je payais mon petit prêt étudiant à tous les mois et lorsque je me promenais avec ma poussette, les gens me demandaient si c’était mon petit frère qui était dans le petit siège.
Je ne sais pas trop pourquoi je suis autant mélangée dans mes émotions. En ce moment, je pense que ce n’est pas tant le chiffre au fond, je pense que c’est plus le fait de réaliser à quel point j’ai juste cligné des yeux et j’y étais. Je me mets à faire des calculs dans ma tête, je divise le chiffre en deux : quinze, je me revois à 15 ans, j’ai l’impression que c’était tellement hier. Le secondaire est si près pourtant et lorsque ma mère me parlait du sien quand elle avait trente ans j’avais l’impression que c’était en noir et blanc avec des calèches pis toute pis toute… Pour moi, c’était l’époque des discmans, de l’arrivée des Moutains dew dans la machine distributrice du collège, de la poutine le vendredi à la café, je chattais sur MIRC, MSN était en feu, Napster fouttait le bordel dans la musique, Eminem et Britney étaient déjà à la conquête du monde, Lindsay Lowan était encore ben relaxe, je gardais à 4 piasses de l’heure et c’était ben correct de même… Mes quinze ans sont frais dans ma tête comme une douzaine de cupcakes qui sortent du four et voilà que le double se pointe le bout du nez comme si de rien n’était…
Je commence à avoir le goût de dire aux ados de profiter de la vie parce que mausus qu’elle va trop vite, mausus qu’on me l’avait dit, seigneur que j’en profite à tous les jours mais ces jours-
ci, j’y pense encore plus. Mes trente ans arrivent et je regarde autour les gens que j’aime, je prie pour les garder avec moi jusqu’à la quarantaine parce que la dernière décennie m’a enlevé de gros morceaux qui ont transformé le cours des jours et qui malheureusement, ou heureusement (je ne le sais plus trop) ont forgé la femme que je suis devenue. Dans quelques jours, voir quelques heures, je fermerai les yeux, je prierai je sais plus trop qui pour que les prochaines années soient douces, pour que la vie me berce.
Je sauterai dedans comme on plonge dans un saut de bungee sans avoir aucune idée de ce qui m’attend parce que la différence entre aujourd’hui et la dernière fois que j’ai changé de chiffre rond, c’est que maintenant je sais que ce n’est pas moi qui choisit vers où je vais, c’est le vent qui souffle, qui m’amène ailleurs, qui me construit et qui me fait réaliser que les possibilités sont tellement infinies…
Trentaine tu peux arriver, je suis presque prête… ou presque…!
Mon grand je m’excuse… Semaine de schnoute #spm
Ce matin, je me suis excusée à mon fils… Ça fait quelques jours que je suis plate le matin, je fais des reproches, je chiale, je cours, rien n’arrive comme je veux et je suis bête, pire que le monsieur avec du poil dans la belle et la bête… WOuarrrrrrr, Salut, c’est moi ta mère avec une face de shnoute et une voix de yark !
Mon grand, j’ai une drôle de semaine, elle n’est pas si drôle que ça en fait, c’est une semaine plus difficile. Déjà en partant, parce que je suis une femme pis que c’est de même, mais en plus, ma structure mentale n’est pas top top top. J’ai une to-do liste de deux kilomètres de long d’affaires pas super le fun. Il y a toutes ces obligations que tu ne vois pas et que tu ne devrais pas ressentir de toute façon, mais cette semaine, je m’excuse, ça me sort par les pores de peau.
Pendant cette semaine-là, je dormirais deux fois plus, je mangerais deux fois plus, il y a des mois où, sans vouloir t’offenser, je m’enfermerais dans une grotte avec une pile de livres, une doudou et une lampe frontale. Tu as l’air de ne rien comprendre quand ton papa parle de SPM, d’être dans sa semaine, de semaine de marde… C’est ben normal, tu es trop petit pour comprendre, pis c’est des affaires de grands… Déjà que j’ai pédalé en t’expliquant l’affaire du sang dans la toilette quand tu criais »MAMAN TU ES EN SANNGGGGGG !!!’, je n’ai pas le goût d’embarquer dans les affaires de menstrue parce que ça revient vite pis j’ai comme pas la patience d’expliquer.
Avant d’avoir des enfants, je ne comprenais pas les filles qui disaient qu’elles voulaient tuer à tous les mois… Faut croire que j’avais un petit répit avant la tempête et j’avoue, je jalouse celles qui disent que ça ne change e-rien dans leur vie. Tant mieux pour vous et s’il-vous-plait ne dites pas que c’est dans ma tête… Je jure que c’est bel et bien dans mon corps !!
Mon grand, cette semaine je me suis excusée en te donnant ta boite à lunch et ton sac à dos dans la cour parce que je voulais que tu saches que ce n’est pas de ta faute si je suis baboune, que je cours après ma queue, que me semble que sur 10 comme note de femme agréable je me donne un 3, 4 maximum… Je t’ai dit : Excuse mon grand, depuis quelques jours, ce n’est pas de ta faute c’est dans mon ventre que ça se passe et ça me rend grougnougnou… Moi qui pensais que j’étais la pire mère du monde depuis quelques jours, il m’a répondu : »Mais non maman, tu n’es pas baboune, on ne peut pas toujours être de bonne humeur t’sais… »
Ce que mon matin m’a donné comme leçon, c’est que peut-être que je mets le bonheur de ma famille un peu trop sur mes épaules des fois… J’ai le droit d’être hormonalement pas à mon top, j’ai le droit de leur expliquer quand je me sens à fleur de peau pour qu’ils sachent que ce n’est pas de leur faute. J’ai le droit de vouloir étouffer L’Amoureux s’il me dit qu’il comprend que je suis dans ma semaine parce que je n’ai pas de contrôle là-dessus et que ça me donne le goût de lui dire d’aller péter dans les fleurs… C’est correct, il m’aime pareil parce qu’à quatre, on assume pleinement cette semaine-là qui revient 12 fois par années, on l’apprivoise comme un lion pis on apprend à l’aimer parce qu’elle me plonge des fois dans des réactions burlesques et me fait brailler pour rien devant n’importe quel film ou annonce de papier de toilette…
Mon grand, je m’excuse pour ma semaine, la semaine prochaine sera meilleure, l’autre aussi, l’autre aussi, l’autre aussi mais peut-être pas l’autre xxxxx
Depuis quand »être fière » est devenu »se vanter » ????
Je trouve que c’est difficile de rester soi-même de nos jours, d’être fière de soi. J’ai l’impression que lorsque l’on
scande haut et fort que nous sommes fières de nous, c’est comme si les autres le recevaient comme un : Je suis meilleure que toi nananinanèreuhhhh !
J’ai appris à être fière de moi en vieillissant, j’étais une pro de la diminution de moi-même dans ma chambre le soir. J’entendais tellement de messages contradictoires de femmes fortes qui nous disent d’apprendre à connaître notre valeur, d’être fière de soi, de foncer. Puis, quand j’arrivais, que j’étais sure de moi, fière, j’avais l’impression que les moins fières tentaient de créer un mur de béton et mettaient de la vaseline sur le plancher pour que je fonce le plus vite possible dedans.
Pour moi, il y a tellement une différence entre se vanter et être fière, j’ai appris à me lancer des fleurs, à souligner mes exploits, à parler de mes projets, de mes enfants, de mon chum, de ma maison… Parce qu’être fière de quelque chose, pour moi, ça n’a pas de prix. Les gens aiment tellement souligner le pas bon, certaines personnes sont tellement hot pour nous dénigrer, elles ont des jardins de bitcheries qu’elles cultivent religieusement et des journées complètes de spare pour dénigrer. Elles bitchent les autres sur les réseaux sociaux, au travail, dans la rue, elles ne sont pas capables d’être juste contentes pour l’autre parce que ça diminue tellement leur existence. Pour ces personnes-là, la fierté c’est de la vantardise.
J’ai aussi appris à être contente pour les autres, à me dire qu’elles méritent leur bonheur. J’exprime ouvertement ma jalousie parce que oui, c’est normal d’être jalouse, parfois on aimerait pour un moment être dans les baskets d’une autre. C’EST TELLEMENT NORMAL LÀ ! Je l’appelle ma jalousie-positive. Parce qu’on aimerait avoir eu l’idée, l’opportunité, être choisie… Je vais écrire un «Bravo, je suis fière de toi pis tellement jalouse ! C’est très très hot !».
Ma vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille, j’ai traversé des marées, des montagnes, des canyons et parfois tout ça en même temps. Pour vrai… Pour vrai de vrai. Je me lasse tellement vite du négativisme parce que je me considère juste toujours chanceuse d’être en vie, j’ose à peine écrire »avec ceux que j’aime » parce que beaucoup d’entre-eux sont partis dans de façon épouvantable. J’essaie de me relever, de grandir, d’être une meilleure personne. J’aime courir après les gens positifs, les situations positives, les émotions positives… Ça me contamine, ça me fait du bien.
Dans un monde qui va mal, lorsqu’on est fière, c’est correct de le dire, c’est un travail de tous les jours de pouvoir se lancer des fleurs et d’accepter que les autres nous en offre. Des fleurs, ça se met sur la table de la cuisine dans un beau vase, ça se place sur le perron dans une belle boite de bois, ça égaye une ruelle triste, ça se met rarement dans le garde-robe. Oui, on se vante d’avoir des fleurs parce qu’on est fière que quelqu’un les ait envoyées, que quelqu’un ait pensé à nous. Finalement, si la fierté est rendue de la vantardise eh bien, je me vante d’être fière et j’assume. J’apprends à penser à moi, à me dire que je mérite le bon, le beau, le doux pendant qu’il passe et peu importe ce que les autres en pensent parce que je préfère de loin fleurir que de mettre l’accent sur le fait qu’on fane toutes un jour ou l’autre…
Se grouiller à aller chercher les enfants à la garderie et………
Vous êtes au travail, vous avez la possibilité de partir plus tôt, l’énervement vous pogne, vous allez pouvoir aller chercher les enfants plus de bonne heure, vous allez pouvoir passer du temps de qualité avec eux, C’EST TELLEMENT EXCITANT !!! Vous arriverez peut-être juste avant la collation, ce qui vous permettra de faire quelque chose de cute à manger avec eux autour de la table avec un grand sourire qui incarne le bonheur… Vous avez vu des textes sur Facebook qui vous disaient d’aller de grâce chercher vos petits trésors plus tôt parce qu’ils passent leur vie à la garderie ! Bref, vous sortez de la voiture d’un pas décidé, vous avez hâte, vous entrez dans le corridor, les enfants sont dans les locaux et s’amusent, vous passez le cadrage de porte avec le sourire puis….
….Votre enfant se met à pleurer, visiblement, il ne semble pas autant heureux que vous de vivre ce moment. Vous vous sentez mal, peut-être même moche parce que vous avez l’impression qu’il ne s’est pas ennuyé, vous avez peur des jugements, peur que l’éducatrice se dise qu’il préfère sa garderie à sa maison. Puis, vous essayez de le convaincre de venir s’habiller et il pleure de plus belle… Vous pensez que vous êtes la seule au monde à qui ça arrive… Je vais vous casser ça genre maintenant : ça arrive à tellement, tellement, tellement de monde !!! Moi la première. Quand j’étais éducatrice ça arrivait à tous les jours !
Pourtant, à la maison, c’est sympathique, nous sommes de bons parents, les enfants sont heureux, ils s’amusent ici, ils ont des jouets partout, nous sommes près d’eux et eux sont près de nous… Puis je me suis posée la question, si j’avais peut-être trop comparé la garderie au travail. Et si mon enfant était dans un milieu où il est heureux et si le milieu faisait bien son travail et qu’il s’y sentait simplement bien ? Si avant le dodo son éducatrice lui avait dit ce qu’il était pour faire après le dodo, la collation qu’il allait manger et que moi j’arrivais pour casser un peu son party et son planning de la journée ? C’est un peu comme si mon chum venait me chercher dans une soirée de filles avant le dessert en sachant que nous allions danser après, bon mauvais exemple je danse pas l’yâbe mais quand même, je lui ferais peut-être une moue. Pas parce que je l’aime moins que mes amies de filles, mais juste parce que peut-être que j’étais en train de passer un bon moment avec des gens que j’apprécie.
Sachez que c’est une belle chose que votre enfant vive le moment présent, qu’il soit heureux partout. Bien sûr, je ne dis pas de te priver de ton bonheur et d’aller chercher l’enfant à la fermeture pour ne pas lui faire de la peine, je te dis juste de ne pas te sentir cheap si jamais ton feeling est différent du sien. Anyway, dans quelques minutes quand il arrivera à la maison et que tu lui sortiras sa petite collation, il aura oublié sa peine d’enfant pour vivre encore le moment présent et sentir à quel point il est heureux d’être en ta compagnie ET SI, par hasard il faisait une petite crise ou deux pendant la soirée, sache que ça aussi, c’est normal, mais c’est une toute autre histoire…