Cette semaine il s’est passé quelque chose de poche. Rémi était mécontent, lui qui est toujours respectueux et la plupart du temps très réfléchi était en colère et a craché dans le visage de son grand frère. Le genre de comportement qui est complètement inacceptable à la maison. Ça a été un réflexe. Un réflexe vraiment poche. J’étais très fâchée et mes yeux étaient clairs. ÇA C’EST NON. J’utilise le mot conséquence à des instants vraiment précis. Pour que ça reste toujours efficace mais là, je cherchais surtout un réparateur. Je savais déjà dans les yeux de Rémi qu’il était mal, que son ‘’splash’’ avait été plus rapide que sa pensée. Je ne voulais surtout pas minimiser le geste. J’ai pris le temps de jaser avec lui. Sur le pourquoi c’est important de se respecter dans la même maison. Rémi aime beaucoup sa prof. Je lui ai demandé : «Est-ce que tu aurais craché sur Marie-Ève, Rémi ?». Sa réponse a été : «Mais non voyons, jamais !!!» . Je lui ai posé des questions sur les conséquences de notre famille si nous commençons à nous manquer de respect, sur la chance que nous avions d’être ensemble, sur nos valeurs. Il a rapidement réalisé que je ne pourrais pas tolérer cette façon de communiquer dans ma maison.
Je lui ai donc demandé de se prendre une feuille mobile et d’aller écrire une lettre d’excuses à Louka, nous allions par la suite la corriger parce que c’était une lettre qui devait être prise au sérieux…
Il s’est installé à la table, a sorti une feuille mobile et a écrit sa lettre à son grand frère. «Je m’excuse de t’avoir craché dans la figure et j’ai de la chance de t’avoir comme frère, je t’aime Louka.».
Ce n’est pas une grande lettre, Rémi est en première année, mais ensuite nous avons invité son frère à avoir une discussion les 3. Rémi a lu sa lettre en regardant son frère dans les yeux. Au départ il ne le regardait pas, probablement par gêne du geste parce qu’en prenant un pied de recul il voyait à quel point ça ne faisait pas de sens… Puis, il a fait sa vraie lecture, celle qui venait du coeur, son frère a accepté ses excuses et lui a expliqué que ça lui avait fait de la peine…
J’ai ensuite expliqué que je ne pourrais pas tolérer une autre fois ce geste. Que la prochaine fois je ne pourrais pas uniquement appliquer uniquement un réparateur puisque nous en avions discuté tous ensemble. Qu’il y a plusieurs façons d’exprimer son mécontentement. Que cracher, frapper, pousser ne serait jamais la solution à prendre dans notre maison. Puisque la mémoire est une faculté qui oublie, j’ai inscrit dans mon cahier-familial la conséquence qui venait avec ce geste chez-nous. Elle est adaptée au type d’interventions que nous appliquons à la maison. Elle est applicable à tous, sauf Léon qui bave encore pas mal sans s’en rendre compte… Tsé un atchoum baveux d’un 21 mois c’est si vite arrivé.
J’ai donc installé une limite claire qui respecte le comportement de chacun. Des fois, c’est dur de gérer les comportements de chaque enfant parce que nous les connaissons, mais je tiens à être juste envers tout le monde…. J’ai un secret pour toi. Tu ne répètes ça jamais à personne ok ? Mais pour vrai j’avais écouté la discussion entre les deux garçons et, même si cracher c’est non tout le temps, je comprenais la frustration de Rémi, moi comme adulte, si ça avait été quelqu’un dans un parc qui m’avait répondu comme ça, j’aurais probablement eu de la misère à retenir un »fuck-e-you :P… Je ne peux pas par contre faire mes plans d’interventions en fonction du fait que l’autre enfant était vraiment gossant ou non ou d’à quel point il avait raison de rétorquer de cette façon… L’égalité dans les interventions, c’est une sorte de constance pis de cohérence dans les gestes et c’est de cette façon que j’ajuste mon éducation avec mes kids.
Le réparateur c’est un peu le ‘’je compte jusqu’à 3————’’ mais c’est important de se mettre en action pour qu’il soit efficace. Dans les prochains jours, nous allons faire un petit tableau des gestes que nous ne voulons pas voir dans la maison des Morin. La préadolescence s’installe dans notre maison, en le faisant avec eux nous allons réviser un peu les bases de notre maison. Je vais avoir des repères à présenter aux garçons parce que je sens que les interactions changent entre eux et je tiens vraiment à garder la belle relation et la belle harmonie dans nos interactions. Pour eux, pour leur petit frère qui apprendra par imitation et pour nous parce que c’est trop précieux pour laisser l’adolescence nous le piquer…
Je ne réussirai peut-être pas mais j’aurai essayé de nous préparer ensemble à cette prochaine étape !