J’habite une petite ville toute mignonne, une petite ville avec différents quartiers qui se sont développés au fil des années. Il y a le vieux quartier, le premier en fait où les gens qui y habitent sont pour la plupart retraités, il y a les quartiers des années 90 où la plupart sont souvent des presque-grands-parents au début de la cinquantaine, il y a le nouveau quartier qui fourmille de nouvelles familles, de petits poupons, de jeunes parents qui adorent cette période de l’année… Depuis quelques années, il y a un mouvement qui est apparu, celui des MDEVDD, les maisons décorées en voie de disparition, vous avez remarqué ?
Mais l’Halloween c’est la fête de qui ? C’est la fête des enfants non ? J’avoue c’est aussi un peu ma fête à travers les yeux de mes enfants. À toutes les fois, ça me rappelle quand j’étais petite, l’odeur du vieux maquillage cheap granuleux de la pharmacie, mon vieux costume de lapin que ma grand-mère avait fait et qui a été porté par ma sœur et toutes mes cousines. Ça me rappelle aussi les couleurs que prenaient la rue de L’Anse quand elle s’animait et qu’elle prenait vie le soir du 31 octobre. La frénésie de préparer les sacs de bonbons avec mon frère et ma sœur en écoutant Casper. Le soir venu, ma mère mettait les bonbons dans une brouette pour les donner quand il faisait clair et comme elle a une mémoire phénoménale des visages elle arrivait à se rappeler à qui elle l’avait donné pendant la promenade lorsqu’après le souper nous faisions notre travail de distribution. Parfois, mon père ou la mère de ma voisine prenait le relais et repartait avec nous le soir pendant que ma maman continuait à donner des bonbons. C’était aussi le festival du Grilled Cheese englouti sur le coin de la table… C’était l’ancien temps.
Plus les années avancent et plus les lumières des maisons se ferment dans les vieux quartiers, c’est normal, quand il ne reste que 3 ou 4 maisons de décorées dans la même vieille rue, les gens achètent des bonbons pour rien et restent coincés avec pendant des semaines. L’année suivante, ils abandonnent… Mon amie Ariane me racontait dans un déjeuner la semaine dernière que sa mère avait arrêté de donner des bonbons parce qu’elle était la seule maison allumée dans son coin et qu’elle avait peur d’ouvrir la porte aux ados masqués alors que le reste de la rue était plongée dans le noir.
Avec les temps les gens se sont mis à jouer à «qui peut avoir la maison la plus morte» pour être certain que personne ne vienne cogner à la porte. Ce sont souvent les jeunes familles qui doivent courir pour tout faire entre 18h et 19h parce que comme les nouveaux quartiers sont bondés de monde, il faut se dépêcher parce qu’après 1h ou 2 les papiers commencent à être collés sur les portes disant qu’il n’y a plus de bonbons à la porte où vous avez cognés. Souvent, les parents se séparent pour qu’un distribue et que l’autre récolte… Ça passe finalement trop vite et tout le monde est épuisé… Personne n’a pu vraiment savourer.
Il me semble que je serais prête à préparer les bonbons ou mettre 20$ dans un pot pour le donner à nos ainés qu’ils puissent les distribuer à notre place comme petite job on the side. Je pense que les vieux quartiers devraient revivre à L’Halloween, les gens passent de plus en plus en voiture parce que parfois il n’y a qu’une rue d’éclairée sur 10, il faut donc marcher en titi pour trouver un secteur chouette, les plus jeunes sont épuisés. Je pense que l’Halloween ce n’est pas une affaire d’avoir des enfants trop grands, c’est une affaire de se faire plaisir collectivement l’instant d’une soirée. De sortir, de se croiser dans la rue avec nos enfants fiers d’arborer leur plus beaux costumes, parce que doux Jésus qu’ils sont fiers ! Souvent, je vois des articles passer sur le fait que de côtoyer les enfants, ça ravive le coeur des grands-parents, imaginez d’ouvrir la porte et de voir un petit Batman, une petite Elsa, un petit pompier ou même un petit hot dog qui demande des bonbons. Ma sœur disait
: «Des bonbons s.v.p. sinon je vous joue un tour», tout le monde tombait sous le charme. Bien sûr, il y a cette phrase qui dit «J’ai fait ma part», je la comprends, mais je la trouve triste, pas besoin de transformer la maison en méga cercueil qui clignote, juste besoin d’y mettre un petit fantôme à 1$, une petite citrouille à deux dollars et d’allumer les lumières. Juste ça, ça ferait ma soirée.
Oui l’Halloween est une fête commerciale parce qu’on est rendu selfish dans notre cueillette de bonbons, il faudrait simplement en faire un moment festif, un moment agréable où on prend notre temps où on se regarde en se saluant, où on en profite pour montrer à nos enfants la politesse au lieu de les pousser à ramasser le plus gros sacs de cochonneries possible… Un genre de soirée pour vivre le moment présent tous ensemble. Il me semble que si tout le monde participait, ça donnerait des veillées plus le fun que d’écouter les reprises de Chop Suey à Prise 2 les rideaux fermés, ça mettrais du bonheur dans la vie des gens mais surtout dans les futurs souvenirs de nos enfants…
Bonne soirée d’Halloween à vous tous !