C’est rare hein, mais je suis en train de chercher depuis 45 minutes comment je vais commencer ce billet… Je n’ai pas envie que ça semble trop lourd alors que pour moi c’est un sujet vraiment léger… ma mort…
Ben oui, ma mort… Weird n’est-ce pas en cette petite soirée d’automne? Lorsque mon parrain est décédé il y a 3 ans, à l’âge de 47 ans, j’avais décidé de célébrer sa vie au lieu de sa mort. Mon parrain était un artiste qui n’était pas croyant en l’église catholique, nous avions donc fait une célébration en son honneur, en l’honneur de ce qu’il était, un être créatif. Je me souviens le lendemain de son décès, quand le monsieur du salon est venu à la maison et que ma mère magasinait les urnes, tout ce qui me venait en tête c’est : Je ne suis pas d’accord ! Mon parrain était simple, je voyais les prix et je l’entendais me crier : « Gen, c’est non que vous allez payer ça pour m’enterrer… J’étais vraiment près de lui, c’était un de mes humains préférés et je savais qu’il trouverait ça ridicule. J’ai donc demandé de recevoir la boite la plus simple, un contenant de base. Le monsieur est reparti chez-lui avec beaucoup moins de sous qu’il avait probablement prévu. Mon parrain avait écrit son testament, il avait demandé que seulement sa chorale vienne chanter pour lui… À la fin, il avait écrit : Vous disposerez de mes cendres comme bon vous semble… Cette vie a été précieuse avec vous… Bonne route…
J’ai donc créé une cérémonie dans la salle au centre du Parc Lafontaine, l’endroit où il allait marcher à tous les jours juste devant son appartement. J’ai rempli les tables de photos de sa vie, de ses dessins, ses toiles, des objets qu’il aimait… J’ai cherché une vieille valise antique et j’ai emballé son urne comme un colis voyageur dans un papier Kraft avec une corde et de vieux timbres, nous avons refait la même chose 10 ans plus tard avec l’urne de ma petite soeur quand nous avons pris la décision de l’enterrer…. J’ai déposé l’urne emballée dans la valise avec une photo de lui et de Blake son fidèle compagnon. J’ai écrit sur le colis un message qu’il m’avait écrit quand j’étais partie seule à 15 ans en train à Toronto après le suicide de mon grand-père…
Tout le monde qui entrait était ému de découvrir sa vie avant de le connaître, ceux qui ne l’avaient pas vu depuis longtemps venaient voir ce qu’il était devenu, les gens qui ne le connaissaient pas vraiment mais qui venaient soutenir la famille venaient le découvrir et comprendre la peine que tout le monde avait de l’avoir perdu… Une exposition de l’humain qu’il était, une vraie exposition, c’était un homme exceptionnel… Ça se sentait partout sur les tables autour de la vieille valise… Moi, j’ai sincèrement senti sa main sur mon épaule tout le long de la préparation de cette journée… Je voulais que ce soit à sa hauteur, pas à la hauteur de ce qu’on essaie de nous faire croire qu’il est bon de faire lors d’un décès ! Avoir une belle cérémonie, ce n’est pas une question de sous pour moi, je connaissais mon parrain et je savais qu’il aurait été frustré de voir qu’on avait investi autant de sous dans son décès… Pour lui, c’était sa vie qui comptait… Personne n’est sorti indifférent du Parc Lafontaine ce soir-là… Le rédacteur en chef du Bel-âge en a écrit un article qui me fait tellement de bien, je vous laisse le lien à la fin si vous avez envie de le lire…
En revenant à la maison, je lui ai dit merci, merci de m’avoir ouvert les yeux sur ce que moi je voulais à mon décès… Pas de salon, pas d’église, une petite rencontre des gens que j’aime et qui m’aiment dans la cour de L’ange Cornu, mon restaurant préféré… Je veux que Marie-Jo Thério, Chloé Ste-Marie, Damien Rice, Ingrid St-Pierre, David Giguère, Safia Nolin et Tire Le coyote chantent dans les oreilles des gens… Je veux que le micro soit ouvert et qu’au lieu d’un prêtre qui parle, les gens puissent y raconter des histoires et les anecdotes qu’il ont vécues avec moi. Je veux qu’il y ait une table avec un livre qui sera rempli d’histoires de ce qu’on aura pu traverser ensemble pour que mes enfants sachent tout sur leur maman… Je veux qu’on célèbre ce pour quoi j’ai bûché tout mon vivant : avoir une belle vie. Chacun choisira de venir manger quelque chose si ça lui plait, je ne veux pas que mes enfants se pitchent pour faire faire des sandwichs et stressent à savoir s’il va en manquer ou qu’ils pensent que tout le monde m’a oublié s’il en reste trop parce que c’est les vacances de la construction… Je veux que si je décède l’été tout le monde sorte avec un ciseau de sa maison pour couper 4-5 fleurs de son parterre ou une fleur des champs qu’il croisera en se rendant pour me dire au revoir au lieu de payer pour des fleurs, gardez vos sous, payez-vous un bon souper au resto avec un verre de vin en mon honneur, en votre honneur….
J’ai expliqué dernièrement à mon entourage suite au décès de ma tante Nathalie le mois dernier que je voulais que ce soit mémorable, magnifique, mais que ça ne coûte pas grand-chose, comme notre mariage, comme notre vie… Je ne veux surtout pas avoir investi dans une assurance vie, une assurance pour la maison, une hypothèque et voir ces sous disparaître dans des frais exorbitants qui sont loin de mes valeurs… Je veux que mes enfants et mon mari puissent prendre la totalité de ces sous pour profiter de la vie, pour avoir des sous pour une mise de fond pour la maison qu’ils voudraient, je veux qu’ils puissent faire un petit voyage seul ou en famille pour se changer les idées, je veux qu’ils puissent se faire plaisir sans avoir à s’inquiéter pour l’avenir…
Pour moi c’est ça aussi « Profiter de la vie » c’est profiter de tout ce qu’elle nous a donné et se rappeler de tous les efforts qu’on a mis pour l’enrichir, pour la rendre meilleure, pour rendre les gens que nous aimons heureux…
C’est ce qui conclu notre série « Profiter de la vie », une collaboration signée iA Groupe financier et La Récréation.
https://www.lebelage.ca/ma-sante/billet/un-certain-sourire?page=all
Ariane et son fil says
20 septembre 2018 at 20 h 33 minTrès beau texte Geneviève. xxx