Quand il était petit, mon fils était un enfant assumé. Quand un petit garçon riait de lui parce qu’il aimait jouer aux poupées ou qu’il aimait se déguiser, il répondait toujours : «Un jouet, c’est un jouet.» ou «Ben moi j’aime ça !». Il était beau à voir, il aimait ce qu’il voulait, il savait que tout ce qui existe est pour tout le monde, que tu sois un gars ou une fille, que ce soit Spiderman, un astronaute, une fée, une princesse aux cheveux longs, un train, une Barbie, il aimait tout, tout le temps. Les gens aimaient sa façon d’être, de s’exprimer et d’être bien dans sa peau. Je dois dire que comme maman, c’était un cadeau d’avoir un enfant aussi fier de sa personne, j’aimais le voir aller à la garderie avec les autres amis, il était doux, je trouvais que son papa et moi lui avions donné de belle valeurs (sans tout prendre le crédit bien sûr), notre fils était un enfant très ouvert d’esprit.
L’école a commencé il y a deux ans et cette année, la phrase qui me sille les oreilles est arrivée : «Maman, est-ce que mes amis vont rire de moi ? ». Je voyais déjà depuis la première année des changements de cap dans ses goûts, ses choix d’activités, ses choix d’amis et souvent je me demandais si ses envies venaient de lui ou s’il voulait juste suivre la parade et choisir comme les autres. Il semblait se sentir obligé d’aimer certaines choses, certains jouets alors que je savais très bien que ça ne l’intéressait pas une seconde… Son nouvel objectif était clairement d’être dans le moule, de ne pas dépasser, de ne jamais faire rire de lui… Être « low profile » quoi ! Mais est-ce que c’est vraiment une vie ça de faire comme les autres ?
Je le comprends, j’ai déjà voulu faire comme les autres juste pour me fondre dans la masse, être comme quelqu’un d’autre ou comme un groupe pour faire partie de la gang, pour être HOT !… Mais j’avais oublié que ça commençait à l’école primaire, que ça commençait si jeune. Pour moi qui se fiche maintenant de tellement de choses que les gens pensent, je sais que parfois on vit quand même des insécurités dans notre vie de grands.
Ce matin, pour mon fils c’était la grande question autour de sa nouvelle tuque qui est un peu différente mais oh combien pratique (je t’en reparlerai), il m’a demandé : «Est-ce que mes amis vont rire de moi ?». Je lui ai posé des questions du genre : «Toi pourquoi tu l’aimes ta nouvelle tuque ?», «Qu’est-ce qui fait que tu as envie de la mettre ici mais pas à l’école ?», «Si quelqu’un riait de ton ami, tu lui dirais quoi pour le défendre ?»… Il est parti plus confiant, prêt à répondre à toutes les interrogations de ses amis. Ce soir il est revenu en me disant : «Tu avais raison, quand Chose (on ne mettra pas de nom) m’a demandé pourquoi ma tuque était pas comme la sienne, je lui ai tout dit ce que tu m’avais dit ce matin et il a rien dit et moi j’étais content parce qu’elle est belle et que je l’aime !». Pour moi c’était une petite réussite qu’il ait pu faire un pied de nez lui-même à une crainte qui trottait dans sa tête d’enfant. Je sais que demain, il partira sans se poser de questions, la tête haute et d’un pas décidé…
Comme parents, nous avons tenté par tous les moyens de le laisser être lui-même en tout temps, de l’aider à choisir ce qu’il aime dans la vie pour s’accomplir mais c’est un fait, l’étape de l’école primaire est difficile pour les enfants. Elle est juste avant celle de l’école secondaire où on se définit plus comme être humain, où on affiche dans notre style notre personnalité à travers nos passe-temps, la musique qu’on écoute, les genre d’amis qu’on fréquente, notre look et même le design de notre agenda. Malheureusement, je le sais, peu importe les décisions que l’on prend dans la vie, il y a toujours quelqu’un pour rire de nous, pour nous juger, nous critiquer… Parfois c’est de la jalousie mal placée, parfois c’est de l’ego et parfois, c’est juste de l’incompréhension. Comme ma thérapeute me dirait quand je lui parle d’une personne qui m’a fait de la peine ou qui a été méchante : « Il faut être vraiment triste ou malheureux pour juger et dire du mal de quelqu’un d’autre», la pire chose est de la laisser t’éteindre parce que c’est souvent ce que les gens négatifs essaient de faire : éteindre les autres… J’ai toujours tout fait pour que mon fils ne se moque pas des autres, je pense que c’est l’une de mes plus grandes peurs mais en vieilissant, j’ai aussi de la peine pour celui qui se moque, c’est triste au fond… C’est triste à mort !
Mon fils, sois fier de toi, tu es parfait, tu me fais rire à tous les jours mais jamais je n’ai envie de rire de toi, j’ai plutôt envie d’applaudir celui que tu deviens… Aime ce que tu aimes, soit ce que tu es, croque dans tes passions, fonce dans la vie et si les autres rient de toi, je vais leur pèter la… euh non, je vais t’encourager toujours à rester vrai parce que c’est comme ça que nous t’aimons gros comme toutes les patates pillées du monde entier !!!
Valerie says
7 décembre 2015 at 13 h 14 minVouloir faire comme l’autre est aussi un apprentissage 🙂 C’est une façon de tester, d’explorer… ce qui est important, et tu le démontres avec ce texte, c’est d’aider l’enfant à questionner et verbaliser ses choix. Mon gars lui, c’est le kitex: il raffole, à 6 ans, de mettre du kitex, il me fait même acheter son propre vernis à la pharmacie… 🙂
Valérie says
7 décembre 2015 at 13 h 54 minAyoye, ca me fait peur de penser à tout ça… Ma cocotte va avoir 2 ans, est vraiment hyper yup-la-vie (malgré le terrible two qui semble rôder), mais je sais pas comment on va faire pour qu’elle continue d’etre aussi lumineuse et qu’elle perde pas sa joie contagieuse! Elle semble aussi etre une ptite fille assumée (mon dieu qu’elle tient pas ca de moi lol!) et qu’elle tienne tête aux pas-fins tout le long de sa vie x.x
Geneviève says
7 décembre 2015 at 15 h 44 minOn vit la même chose avec notre fille de 5 ans qui joue au hockey, mais qui soudainement, veut faire du patinage artistique… Merci pour tes articles. Je me sens moins seule…
Véro says
7 décembre 2015 at 16 h 05 minSuper texte..je trouve que tu as souvent les bons mot à répondre aux enfants! Bonne journée 😉
Susie says
8 décembre 2015 at 1 h 01 min« Il faut être vraiment triste ou malheureux pour juger et dire du mal de quelqu’un d’autre»
Ça dit tellement tout…