Salut moi, chère moi,
Tu es enceinte de plusieurs semaines, ce n’est pas la première fois que ça t’arrive… Y’a des jours plus durs que d’autres et plus le temps avance et plus les nuits sont courtes. En ce moment je t’entends te dire : «Seigneur, comment je vais faire ???». C’est normal, c’est la différence entre bébé-un et maintenant … tu sais exactement ce dans quoi tu t’embarques, mais en plus tu sais à quel point tu n’as aucune idée avec qui tu deal depuis que ça grouille dans ton ventre…
Il y a des jours où tu imagines le pire, parce que ça arrivera le pire des fois quand la fatigue prendra le dessus, quand tout le monde te gossera, quand tu voudras égorger le chien de la voisine qui jappe (ainsi que la voisine qui laisse son chien japper), quand tes autres enfants vont se disputer pis que tu vas avoir la patience d’une fourmi en phase terminale… Pis y’a d’autres jours où tu te vois prendre une marche avec bébé dans ta poussette, les cheveux dans le vent, le coeur léger à lui faire découvrir les odeurs du doux été qui s’en vient… parce que ça aussi, ça va arriver souvent !
Il va peut-être y avoir certaines nuits où tu vas te mettre à pleurer avec bébé dans tes bras, rappelle-toi aux autres enfants, c’est le feeling de vouloir pleurer à gros torrents mais sans vouloir trop faire bouger tes épaules pour ne pas réveiller bébé qui dort collé contre toi… Cette nuit-là, tu le sais tu vas brailler en te demandant dans quelle galère tu as voulu retourner parce que c’est pas saint d’autant pas dormir pendant autant de nuits… Pis à ce moment-là, tu vas baisser les yeux, regarder la binette de ton bébé qui boit son lait, tu vas t’en vouloir de te dire des affaires de même, mais j’aimerais que tu te rappelles aujourd’hui, là, en ce moment, maintenant.
Aujourd’hui, tu es assise, tu commences à préparer l’arrivée de ton bébé d’amour, tu commences à laver ses pyjamas, tu visualises son arrivée dans la famille, tu as si hâte de le rencontrer. Ce moment, ce n’est pas une illusion, tu sais à quel point tu attendais cette petite douceur, tu avais hâte de le bercer la nuit, tu avais hâte de pouvoir passer des heures à le regarder. En ce moment tu le sens bouger, gigoter dans tous les sens comme s’il te préparait une chorégraphie. Il se réveille peut-être déjà toujours aux mêmes heures et drôlement, ça adonne souvent au moment où tu te couches pour faire dodo. Tu commences à avoir hâte qu’il arrive pour retrouver ton corps, pour que tes jambes soient plus légères, pour enfin pouvoir le serrer dans tes bras…
Pour vrai belle fille, c’est parce que tu as oublié la super-puissance des hormones, celles qui poussent en même temps que t’expulses ton placenta dans l’espèce de bol en métal. Bon, il faut dire que je compte actuellement vraiment sur ces hormones pour t’accompagner dans les premières semaines, mais si jamais elles ne venaient pas, je vais te pousser dans le derrière pour que tu ouvres tes bras à l’aide qui pourra t’entourer ! À la seconde où tu commenceras à pleurer dans le noir, sache que tu as déjà accompli énormément, si tu calcules le nombres d’heures que tu n’as pas encore dormi depuis la naissance de ton petit bonheur, c’est juste insensé, sans tes hormones, même une fille au Cégep pas d’enfant qui travaille de nuit n’aurait pas pu tenir aussi longtemps… T’es normale tsé, la privatisation de sommeil est utilisée pour faire craquer les prisonniers à Guantanamo, faut croire que ça peut rendre fou, toi tu n’es pas folle, t’es juste fatiguée… Bon ok, t’es un peu folle mais c’est une belle folie et c’est la même exactement qui t’a redonné envie de porter ce petit bout de vie pendant 40 semaines…
Là, en ce moment, je t’écris parce que je sais que tu ne trouveras pas de solution… Je sais parce que t’es en mode radar-de-survie et que dans ce temps-là trouver une solution, c’est un peu comme monter le Kilimandjaro… Je veux que tu te souviennes que ce bébé tu l’aimes tellement, c’est un peu comme quand tu veux dire à un gars «C’est pas toi, c’est moi…». C’est pas nécessairement ton bébé qui te fait pleurer, c’est ce qui est autour, c’est la fatigue, peut-être la bouffe sur le fly que tu manges en vitesse parce que ton bébé pleure, c’est peut-être la réaction de ton plus jeune face à ton bébé, c’est peut-être tes attentes face au papa qui ne sont pas comblées… Mais je te connais, ce bébé-là tu l’aimes déjà gros comme le monde…
Pendant que j’ai une partie de ton attention, tu vas te rappeler juste d’une chose, rappelle-toi à quel point ça va vite pour vrai, c’est pu juste une phrase qui ne veut plus rien dire. Tu le sais tes grands ont grandi à vitesse grand V, tu sais que tu vas cligner des yeux et que ton bébé va marcher, courir, faire ses devoirs, parler sans arrêt, te raconter des anecdotes qui ne se peuvent pas… C’est juste que là tes yeux sont pognées dans tes cernes pis tu vois plus vraiment clair… T’es forte mais t’es pas Hulk, t’es pas une machine non plus et comme je te connais, c’est peut-être le moment où tu devrais demander un coup de main pour pouvoir apprécier encore plus ce petit bonheur qui te fait rire et pleurer à toutes les heures de la journée…
Tu manques de sommeil point, t’es une bonne maman, je le sais et toi aussi… Tu peux te l’écrire un peu partout dans la maison pour les secondes dans la nuit où tu vas en douter, tu peux te l’écrire sur le dessus de ta main aussi parce que là t’es pognée dans ton divan, il est tard, il fait noir pis tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez… Rapproche ta main, lis-le : T’ES UNE BONNE MAMAN, c’est tout…
Ça va bien aller…
De toi qui t’aime fort xxx
Annie-Pier Couture says
3 mai 2017 at 7 h 34 minTes mots qui tombent à point ♡ on se réécrit autour du 10 juin pour se dire que ça va aller xx