Il y a des choses qui sont plus difficiles à expliquer à un enfant. Des choses difficiles à comprendre pour eux. Depuis toujours, quand ça m’arrive je me réfère à la collection Carré Blanc des éditions 400 coups. Je ne sais pas pourquoi mais je sais que peu importe le sujet, ils ont presque toujours le livre pour mettre des images et des mots sur ma pensée. C’est notre force créatrice au Québec de se donner le droit de toucher à tout pour aider les enfants, de les informer de tout ce qui nous entoure pour répondre à toutes les questions qui trottent dans leur petit coco d’amour.
Cette fois-ci, l’auteure Julie Pearson raconte la vie du petit Elliot, un petit lapin magnifiquement illustré par Manon Gauthier. Elliot est un petit garçon pris en charge par un intervenant, Thomas, pour lui trouver une famille d’accueil parce que ses parents ne se sentent pas outillés pour s’occuper de lui. Il est placé dans une famille où la vie est douce et où les parents travaillent fort pour pouvoir accueillir mais après quelques temps il doit retourner à la maison. Le cycle se répète et Eliott est encore une fois retiré de son milieu.
J’aime l’angle qu’utilise Julie pour raconter cet univers aux enfants. Elle est précise tout en étant très floue, elle ne met pas l’emphase sur un type de parents en particulier. Nous avons tous l’image qu’on nous véhicule à la télévision de la famille épouvantable et de la DPJ qui débarque pour sauver l’enfant de son milieu. Oui, ça arrive beaucoup trop souvent dans notre société. Parfois c’est l’inverse qui se produit, c’est le parent qui manque de ressources face au comportement de son enfant et qui doit aller chercher de l’aide. Ce n’est pas quelque chose de facile de dire «Je suis à bout, c’est trop pour moi, j’ai besoin d’aide». Je connais des mamans extraordinaires, des mamans bien meilleures que moi qui, à un moment donné, ont dû demander un répit, crier à l’aide face à un enfant violent ou avec des défis particuliers. J’aime le fait que Julie nous raconte la vie de l’enfant au lieu de mettre des jugements sur le dos du parent. Les phrases se glissent tellement mieux dans les oreilles de mes garçons.
Thomas, l’intervenant, se rend compte que c’est encore difficile au retour d’Elliot dans sa vraie famille et lui explique «…qu’il lui cherchait une nouvelle famille pour toujours.». C’est une magnifique histoire qui se termine bien puisque Thomas lui trouve une belle famille qui le comprend, qui le rassure, qui pourra l’aider à grandir et qui officiellement l’adoptera en lui disant pour le rassurer : « Tu fais maintenant partie de note famille pour toujours.».
C’est une histoire si touchante, nous connaissons tous une personne qui a traversé ce genre d’obstacle dans la vie. Comme je dis souvent, une personne : Qui a traversé l’océan avec un kayak troué pis un sandwich au jambon. Quelqu’un qui a vécu des transitions difficiles, qui a travaillé fort pour s’en sortir ou qui ne s’en est malheureusement pas sorti comme il l’aurait voulu. Elliot c’est ce genre d’histoire, le genre qui fait du bien mais qui squeeze un peu le coeur en même temps.
On peut aussi le faire découvrir à des parents qui baignent dans ce monde qu’est l’adoption ou les familles d’accueil pour donner un petit coup de main. Mais on peut simplement l’utiliser si nous avons besoin de faire découvrir le monde à notre enfant. De lui faire voir les différentes situations de la vie. L’ouverture sur le monde c’est un beau cadeau à faire pour éviter les préjugés et faire grandir nos petits dans la tolérance. C’est le type de valeurs que je veux laisser à mon enfant, que tout le monde a un parcours différent qu’il faut essayer de comprendre au lieu de poser une étiquette sur l’autre… J’aime cette façon de voir la vie !
Puis, un jour un Elliot, rencontre la belle Anabelle Soucy-Côté (le blogue Les p’tits mots-dits) qui pense à donner vie au personnage pour qu’il puisse être serré dans les bras d’un enfant… Elle crée le lien entre Les 400 coups et l’entreprise Velvet Moustache pour amasser des sous pour le Centre jeunesse Dominique Savio de Montréal. Son objectif : faire une levée de fonds pour que les enfants puissent se sentir chez-eux dans un univers plus réconfortant, le centre manque clairement de financement actuellement, c’est si triste ! Je vous laisse ici le lien vers le site des P’tits mots-dits, vous pourrez savoir comment vous procurer un Elliot…
C’est comme tellement significatif adopter un Elliot je trouve !
Suzanne Labeaume says
27 mai 2015 at 10 h 15 minJe suis famille d’accueil depuis 25 ans et c’est les yeux dans l’eau que j’ai fini la lecture de votre texte! Ces enfants ont tellement besoin d’être accueillis avec tolérence et un amour inconditionnel. Ils arrivent avec un bagage incroyable! Ils faut un grand respect de leurs différences. Enfants blessés! Qui ne croient en l’amour, souvent… Nous les accompagnons dans leurs cheminements en espérant diminuer la souffrance et donner de l’espoir…